3e jour - Journée du 02 octobre...

Le matin, nous sommes réveillées par la sonnerie d'un portable en mode réveil qui n'arrête pas de clamer sa mélodie stridente à intervalles réguliers. Le ciel est bien bas, la campagne polonaise bien triste. Kraków Gl (Cracovie), terminus du train. Nous visitons la cité après avoir déposé les sacs à la consigne. Une bien belle ville, mais le brouillard tenace n'autorise pas de belles prises de vue des nombreux bâtiments historiques. Nous ferons quand même quelques photos de trams. Il n'y a pas grand chose d'ouvert en ce dimanche, et c'est dans un luxueux hôtel qu'il faudra aller pour " s'en jeter une ". Tous à la messe les Polonais pour que toutes les échoppes soient fermées ? La société Wars, en plus d'exploiter les voitures-restaurants ou lits, exploite un établissement en gare où l'on peut se remplir le ventre sans se ruiner.

Nous voyons arriver la tranche Kraków du Sobiesky (Wien - Warszawa) et ses deux modestes voitures autrichiennes. Puis vient l'heure de notre départ. Le train n° 52 tiré par l'EU 07-321 arrive sur le perron 1 où pas mal de personnes attendent l'arrivée du convoi. Seules les deux dernières voitures atteignent Kiev : la notre, une Wars en provenance de Wroclaw et celle rajoutée des UŽ (chemins de fer ukrainiens) qui vient de Praha (Prague). Rapidement, l'odeur de la chaudière à charbon répand son odeur sur le quai.

Dès le départ, la vie s'organise dans chaque compartiment. Pour certains voyageurs, ce sont de véritables festins qui se préparent. Les deux voitures sont bien occupées ce qui est de bon présage pour l'avenir de cette relation.

Qu'est-ce qu'on est bien dans ces voitures-lits ! Le look est peut-être un peu rétro mais c'est très confortable et sécurisant. Je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour celles qui se font démolir à coup de chalumeau ou de pelle-mécanique à Culoz.

Tout est propice à la sieste… et lorsque j'émerge, il fait beau, franchement beau. Nous arrivons dans la ville frontière de Przemysl. Tout le monde descend sauf les passagers des deux dernières voitures. Le diesel de manœuvre SM 48-012 nous amène sur une voie où notre court convoi est désolidarisé et placé sur le chantier en plein air de changement de bogies. De l'autre côté de l'imposant grillage, des voitures d'origine soviétique attendent : des relations Chisinau (MD) - Warszawa ou Przemysl ou diverses villes ukrainiennes reliées à la Pologne. On se demande comment ce genre de relations a survécu à la fin des régimes socialistes. Une fois notre voiture " débarrassée " des ses bogies UIC et de ses attelages à crochet, je tente une photo depuis la plate-forme. Le chef de bord m'invite à descendre grâce à la passerelle ; je suis un peu surpris par tant de liberté, mais il ne faut pas trop réfléchir et profiter de cette largesse. Je fais donc quelques clichées de notre voiture dépouillée de ses organes de roulement. Christopher en fait de même.

Une fois équipée aux normes 1524 mm, de nouvelles manœuvres nous permettent de rejoindre la rame aux différents gabarits. Nous sommes raccordés à une voiture moldave et quatre autres assurant une desserte au départ d'ici vers la capitale ukrainienne. La double BЛ 10-1338 peut alors se mettre en tête. Au bout d'un certain temps, les policiers polonais viennent contrôler les passeports. Puis enfin, à 19 h 23 (à l'heure, après 2 h 38 d'arrêt) le train s'élance vers les plaines de l'Ukraine. A faible vitesse, nous longeons d'immenses faisceaux où là aussi des bogies sont changées, où des rampes de déchargement de charbon pour wagons à voie large permettent d'éviter cette première opération. A Medyka, dernière gare (de service polonaise), les policiers descendent. Puis le train poursuit sa route en passant sous l'inévitable passerelle de visite des toitures " au défilé ", des fois qu'un clandestin aurait la bonne idée de passer de l'" autre côté ". La frontière est matérialisée par un no man's land et son grillage complété d'un monument de béton.

Le train s'immobilise à Mostyka II pour en principe une heure de formalités douanières. Il faut avancer les montres d'un tour de petite aiguille, c'est le premier fuseau horaire. La nouveauté est l'absence de visa pour les ressortissants de l'Union européenne. Nous allons tester ces nouvelles dispositions auprès des policiers… Un premier douanier passe dans le compartiment, lève la banquette des fois que ma petite sœur s'y trouve. Vient ensuite une femme qui nous demande si nous avons une assurance. Christopher lui monter la sienne, je lui montre ma carte bleue en expliquant que l'attestation vaut pour les deux. Ni vu, ni connu, je l'embrouille et ça passe ! Viennent enfin les policiers contrôlant les passeports. Ils nous demandent si nous nous rendons à Odessa, nous leurs répondons " transit Rossiya ". Les tampons sont soigneusement apposés sur une page vierge. Fin des formalités. Malgré tout, c'est bien plus simple qu'avant, et c'est tant mieux !

Le train repart à 22 h 22, à la seconde près ! Le convoi poursuit sa route dans la nuit étoilée. Le " tac-tac " rythme le voyage à travers la campagne. Un triage annonce l'agglomération de Lvov. La gare et sa marquise sont superbes, l'éclairage pas trop mauvais sauf vers la tête du train. De toute façon, il est encore délicat de sortir le trépied dans ces contrées. Il ne nous restera que le souvenir visuel de ce train. La BЛ 10-1338 cède sa place à la BЛ 80-1457. Un rapide essai de frein et c'est reparti direction Kiev. Il fait 11° C…

 

Gares

Arrivée

Départ

Train n °

Km

Observations

Krakow Glowny

8h44

13h25

73101/52

970

-


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